Aujourd’hui, je vous présente une BD L’incroyable expédition de Corentin Tréguier au Congo de Suarez et Hamo aux éditions Nathan Bande dessinée

Présentation :
L’adaptation du podcast à succès de France Culture.
Quand le professeur Delescluze, grand scientifique français, disparaît soudainement sur les rives du fleuve Congo, Corentin Tréguier, officier candide, est recruté sur un malentendu pour mener l’enquête. Il se pourrait en effet que le professeur se soit transformé… en singe ! Un désastre pour les Français qui risquent l’honneur de la Nation et leurs ambitions africaines… mais une aubaine pour les Belges qui y voient l’occasion de s’emparer du Congo ! Camille de Willers, une intrépide espionne belge, est alors dépêchée pour embarquer aux côtés de Corentin et déceler les secrets de cet étrange phénomène. Mais la forêt renferme bien des énigmes, et tous devront apprendre à voir au-delà des apparences…
Tiré du podcast du même nom, podcast original de fiction en 10 épisodes, diffusés sur France Culture.
Avec un cahier bonus rédigé par Emmanuel Suarez et Hamo en fin de BD pour raconter les coulisses de cette adaptation.
Une BD qui éclaire avec sarcasme et réalisme la face cachée des expéditions françaises à l’ère coloniale.





Mon avis :
J’ai beaucoup aimé cette bd, elle se lit très bien, très facilement. Le colonialisme est un sujet qui m’intéresse, j’avais déjà lu la bd Kongo. Le ténébreux voyage de Josef Teodor Konrad Korzeniowski (inspirée de fait réels, du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres) qui est beaucoup plus sombre, beaucoup plus difficile à lire car il y a de nombreuses scènes de violence. Je conseille cette bd à partir du lycée alors que celle-ci peut être lue par de plus jeunes lecteurs.
Le sujet est le même, la colonisation du Congo, mais pas vu, tout à fait, de la même manière, en tout cas la violence y est beaucoup moins exposée. Le colonialisme est vu avec les yeux du XXIéme siècle et peut donc être largement critiqué et remis en cause, ce qui ne l’était pas à la fin du XIXéme siècle. Les peuples noirs ne sont pas présentés comme anthropophages par exemple (même sil en est question), le chef de clan est même présenté comme instruit parlant plusieurs langues, et pacifiste (il empêche Corentin de mettre à mort son second). Un échange culturel se fait entre les deux hommes. Corentin se lie d’amitié avec le prêtre noir, Christian, il dit même qu’il est son ami et qu’il le traite comme s’il était blanc.
Alors qu’au XIXéme siècle le blanc est toujours présenté comme supérieur intellectuellement, autodéifié, qui se donne pour mission de sortir l’homme noir de sa misérable condition : d’êtres primitifs vivant sur une terre préhistorique. Alors que impérialisme philanthropique, on le sait aujourd’hui, n’est qu’une utopie. Seuls les intérêts mercantiles l’emportent.
Le Congo est partagé entre la Belgique (sujet de Kongo) et la France (Corentin Tréguier), à cette époque, et on retrouve cette dualité entre les deux pays dans l’aventure de Corentin Tréguier. Je ne pense pas que Corentin Tréguier soit un personnage réel peut-être inspiré par le roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad ? Un officier de la marine marchande qui se rend au Congo.
Le professeur Delescluze est sans doute inspiré par David Livingstone (retrouvé en 1871 par Henry Morton Stanley, journaliste) « qui est incontestablement le plus célèbre des explorateurs britanniques du XIXe siècle. Il faut dire qu’il incarne à merveille certains des mythes caractéristiques de l’ère victorienne : celui du self-made-man, celui du philanthrope prêt à se sacrifier pour la cause (abolitionniste, en l’occurrence), celui d’un impérialisme à visage humain, celui d’une science conquérante à vocation universelle, celui, enfin, d’un christianisme fraternel. Littéralement adulé en Grande-Bretagne de son vivant, il passe de façon posthume à la postérité sous les traits d’une figure quasi sacrée. » Je trouve que cette description correspond assez bien à celle du professeur Delescluze.
Cette aventure est-elle une pure fiction ? La fin de l’histoire laisse à penser que c’est une fiction car, l’invasion et l’exploitation des richesses de l’Afrique ne se sont pas arrêtées par la crainte que l’homme blanc soit transformé en singe, s’il va dans la forêt.
Cette bd permet de s’intéresser à une partie de l’Histoire peu glorieuse de l’Europe qui du XIX éme siècle jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, occupe et exploite (pour ne pas dire pille) l’Afrique. Cela m’incite à me documenter davantage sur cette partie de l’Histoire peu étudiée à l’école…
En tout cas, le livre donne très envie de découvrir le podcast, fabriqué comme s’il s’agissait d’un film avec des acteurs et des scènes tournées en extérieur, pas seulement en studio !
Le podcast est à retrouver ici.Ou bien encore ici.
*bd offerte, merci aux éditions Nathan !